Allemagne : la semaine de 4 jours, la révolution du travail en marche


Nombreuses sont les personnes qui ont déjà fantasmé sur l’idée de ne travailler que quatre jours par semaine tout en touchant l’intégralité de leur salaire. Mais est-ce une simple utopie ou bien le modèle de travail de demain ? En Allemagne, cette idée semble séduire de plus en plus, comme en témoigne l’exemple d’une entreprise située dans le sud-ouest du pays.

L’Allemagne veut étendre la semaine de 4 jours

Ce matin-là, les camions sont déjà chargés, remplis de robinets, de carrelage et de tuyaux. Dans l’atelier de cette entreprise qui installe des chauffages et des sanitaires, au sud-ouest de l’Allemagne, le patron Markus Gaßner donne les dernières instructions à sa dizaine d’ouvriers. Chacun travaille quatre jours par semaine.

Un nouveau modèle de travail
Le planning est affiché sur l’ordinateur, avec des petits bâtonnets de couleur. « Chacun a son propre planning et sa propre couleur, explique le patron. Par exemple, en jaune, c’est Denis : il n’est jamais là le vendredi. Le mercredi, c’est Ayleen qui ne travaille pas. »

En 2016, cette entreprise a été l’une des premières de la région à mettre en place la semaine de quatre jours : 37 heures hebdomadaires contre 40 auparavant et sans perte de salaire. Pour gagner en efficacité, le chef d’entreprise a revu son organisation. « Nous avons changé nos processus, explique Markus Gaßner. Nous installons toujours les mêmes produits, ce qui permet aux monteurs de savoir exactement où se trouve la vis et où ils doivent la fixer. Pour la gestion des stocks, on a mis en place un scanner et un étiquetage, cela nous permet d’avoir toujours au moins cinq pièces en réserve. Comme ça, on ne manque jamais du matériel dont nous avons le plus besoin. Tout ça permet aux gars d’arriver plus vite sur les chantiers et on est plus efficaces ».

50 entreprises vont faire le test pendant six mois
Depuis le passage à la semaine de quatre jours, Ayleen Bauser, l’assistante de direction, ne travaille plus les mercredis. « Avant, je travaillais dans une entreprise où on faisait cinq jours par semaine, et je dois dire qu’en comparaison, la semaine de quatre jours, c’est un rêve, confie-t-elle. Je peux tranquillement faire mes courses, mon ménage, être là pour les enfants, prendre rendez-vous chez le médecin ou aller à la piscine. Je n’ai plus besoin de me demander : ‘oh mon dieu, comment je vais faire tout ça ?’ ».

Le patron fait le point une fois par mois avec son équipe sur la semaine de quatre jours mais jusqu’à présent, personne n’a remis en cause ce modèle. Le puissant syndicat IG Metall souhaiterait même l’étendre à la filière sidérurgique.

Selon Holger Schäffer, expert du marché du travail à l’institut d’économie de Cologne, l’idée de la semaine de quatre jours n’est pas bien accueillie. « C’est une discussion complètement absurde. On manque de main-d’œuvre et on veut travailler encore moins, ce qui aggrave la pénurie, critique-t-il. C’est exactement l’inverse de ce dont nous avons besoin. Nous devons discuter de mesures et d’idées pour inciter les gens à travailler plus. »

En Allemagne, ce modèle de réduction du temps de travail, apparu pour la première fois en 1994, au sein du groupe Volkswagen, séduit pourtant. Comme d’autres pays européens, elle réfléchit à élargir ce dispositif censé améliorer la productivité des entreprises et surtout rendre les salariés plus heureux. Dans le cadre d’une étude, 50 entreprises s’apprêtent à l’expérimenter pendant six mois. Huit Allemands sur dix plébiscitent ce modèle de travail.