Urgence à l’Île-de-France : manque de places pour jeunes mères sans domicile fixe


Au début du mois de novembre, les sages-femmes de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) ont envoyé une lettre de détresse aux autorités publiques. Elles font de leur mieux pour accueillir et prendre soin des mères sans abri qui viennent d’avoir un bébé à l’hôpital.

Crise des maternités en Île-de-France : les sages-femmes alertent sur le sort des mamans sans domicile fixe

Les sages-femmes de plusieurs maternités en Île-de-France tirent la sonnette d’alarme sur une situation qui s’aggrave. Le manque de places d’hébergement d’urgence contraint les mamans sans domicile fixe à rester à l’hôpital après avoir accouché, certaines pendant des mois, alors que la durée moyenne d’un séjour est de trois à cinq jours après l’accouchement.

Des sages-femmes alertent sur le sort des mamans sans domicile fixe

Selon l’Agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France, 44 femmes étaient dans cette situation la semaine du 13 novembre dans plus de la moitié des 45 maternités de la région, principalement dans le nord-est de Paris, en Seine-Saint-Denis et dans le Val d’Oise. Ces maternités sont déjà souvent saturées et souffrent d’un manque chronique d’effectifs. La situation est devenue intenable pour les sages-femmes de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis, qui ont adressé une lettre aux pouvoirs publics pour attirer l’attention sur cette problématique.

Des patientes obligées d’accoucher aux urgences, « sans péridurale »

Au sein de l’hôpital Delafontaine, la situation est critique. Camille, sage-femme, note que le 115 ne répond plus et que chaque fois qu’une personne appelle, le numéro raccroche sans répondre. Actuellement, dix mamans attendent avec leur bébé dans des suites de couche. Sans cette solution précaire, elles seraient sans abri, ce qui handicape la capacité du service à accueillir de nouvelles patientes. Edith Rain, sage-femme depuis 28 ans, déplore également que certaines patientes arrivent aux urgences pour accoucher sans pouvoir bénéficier de péridurales en raison du manque de lits adaptés.

« Le problème de fond, c’est qu’il y a une crise de l’hébergement d’urgence »

Edith Rain, à l’origine d’un courrier envoyé aux pouvoirs publics, souligne que le problème de fond réside dans la crise de l’hébergement d’urgence. La fermeture de 3 000 places d’hébergement d’urgence entre le deuxième semestre 2022 et le premier semestre 2023, dont 2 000 en Seine-Saint-Denis, a aggravé la situation. La préfecture d’Île-de-France reconnaît que les 2 000 places d’hébergement d’urgence réservées aux mères enceintes ou ayant accouché sont souvent saturées et indique travailler à la recherche de places supplémentaires.

La problématique de l’hébergement d’urgence reste au cœur du problème et les sages-femmes continuent d’alerter sur cette situation inédite et intenable.