REPORTAGE : L’IA au bloc avec les chirurgiens britanniques


Un sommet international se tient cette semaine en Angleterre avec pour sujet central l’Intelligence Artificielle. Cette technologie, bien qu’elle puisse susciter des craintes, offre également des opportunités considérables. Actuellement en cours de développement, un outil prometteur permettrait par exemple d’analyser en temps réel des données précieuses lors d’une opération. Cette avancée pourrait avoir un impact significatif et bénéfique dans de nombreux domaines.

Un sommet international sur l’intelligence artificielle se tient en Angleterre pour discuter de son encadrement

À partir du mercredi 1er novembre et pour deux jours, un sommet international sur l’intelligence artificielle se tient en Angleterre. Des chefs d’État, des ministres, des patrons, des scientifiques vont débattre de la manière de l’encadrer et de l’utiliser au mieux. Aujourd’hui, il faut établir la liste des dangers qui pourrait remettre en cause la sécurité des États, la bonne tenue des élections ou pour éviter les fake news à grande échelle et difficilement décelables.

« L’IA est assez intelligente pour reconnaître l’opération »

Au sein de cette faculté londonienne, une salle d’opération a été reproduite. Sur la table, il y a une fausse tête. Le neurochirurgien Hani Marcus enfile une longue sonde dans une narine au bout de laquelle se trouve une minuscule caméra. On la voit cheminer sur un écran pour arriver au cerveau victime d’une tumeur. « Vous voyez ces bosses de chaque côté ? », interroge le neurochirurgien. « Elles représentent des vaisseaux sanguins qui alimentent tout le cerveau et l’autre bosse, qui est juste au-dessus, c’est le nerf. Donc la marge d’erreur ici est très petite. »

Par l’autre narine, il introduit l’instrument qui sert à la chirurgie. Sur la table d’opération, juste à côté de cette fausse tête, se trouve un ordinateur équipé d’une Intelligence artificielle. En temps réel, elle analyse toutes les images de l’opération et affiche des indications. « Il reconnaît tout seul que l’on retire l’os qui entoure la tumeur », explique le neurochirurgien. « L’IA est assez intelligente pour reconnaître l’opération et les mesures spécifiques prises par le chirurgien. Si vous voulez, c’est comme avoir un expert à côté de soi. »

« Il n’est pas là pour vous dire quoi faire, parce que c’est vous qui décidez, mais pour donner des repères, des suggestions et pour faire de vous un meilleur chirurgien. »

Un neurochirurgien

« Il peut vous dire quelles sont les prochaines étapes, de quel matériel vous pourriez avoir besoin ou identifier ce que vous pouvez voir », précise le praticien. Mais avant d’en arriver là, il faut éduquer l’IA et lui faire ingurgiter des tonnes de données, qu’elle les intègre mais aussi qu’elle les comprenne. Des heures de vidéos d’opérations qu’elle ingurgite vitesse grand V et qu’elle retient, mieux que n’importe quel cerveau humain.

« Ce ne sont pas des outils pour nous remplacer »

Ceux qui sont chargés de lui apporter ces informations ce sont Danyal Khan, neurochirurgien en cours de formation et Adrito Das, un doctorant spécialisé en informatique. « J’ai passé des centaines et des centaines d’heures sur ces vidéos pour m’assurer que l’on donnait à l’IA les bonnes informations », raconte Danyal Khan. « On doit aussi veiller à ce que chaque donnée soit validée par notre panel d’experts. Toujours avec cette idée d’être le plus précis possible. » « Chaque image de la vidéo, explique Adrito Das, donne des indications sur ce qui se passe, où on en est de l’opération, quels instruments on voit, quelles parties du corps. Et à la fin, l’Intelligence artificielle est capable d’apprendre toute cette chirurgie. Pour ça, elle n’a besoin que de quelques heures, peut-être quatre ou cinq heures. »

À terme, l’évolution matérielle ne permettra-t-elle pas de se passer carrément du chirurgien ? Une intelligence artificielle avec sa mémoire extraordinaire et un robot doté d’une précision au micron près, on imagine déjà des opérations à la chaîne, 24h/24, sans fatigue, sans perte d’efficacité. Un scénario que repousse Danyal Khan. 

« Ce système n’est pas capable de rapprocher toutes les données comme le ferait un humain. Un humain sera toujours là pour ce genre de soins. »

Danyal Khan, neurochirurgien en cours de formation

« Ce sont des outils simples pour nous rendre meilleurs, pas pour nous remplacer », affirme Danyal Khan.

Six ans de travail ont été nécessaires pour développer cet outil en lien avec des chirurgiens, des scientifiques mais aussi des patients. Il peut voir le jour grâce aux avancées technologiques qui permettent d’enregistrer cette gigantesque quantité de données, de les stocker. En dix mois, cette IA a analysé plus de 200 opérations du cerveau. Elle a intégré ce qu’un chirurgien mettrait au moins dix ans à apprendre et elle n’a pas de limite. Elle pourrait être utilisée dans un bloc opératoire d’ici deux ans.