Gilbert Chevalier a partagé son coup de cœur pour le livre « Objectif Zéro » d’Anthony McCarten, qui a été traduit de l’anglais par Frédéric Brument et publié chez Denoël. Selon lui, cette œuvre est une fable sans concessions qui aborde les dérives de l’intelligence artificielle (I.A).
Les romans sur l’intelligence artificielle deviennent de plus en plus paranoïaques
La popularité des romans sur l’intelligence artificielle ne cesse de croître. Cependant, il est aujourd’hui évident que ces romans deviennent de plus en plus paranoïaques. Il y a un an, Christopher Bouix a publié « Alfie » chez Diable vauvert. Ce roman aigre-doux mettait l’accent sur le ridicule et critiquait nos habitudes domestiques et familiales.
« Objectif Zéro » est un roman qui ne laisse aucune place à l’humour. Il décrit ce à quoi pourrait ressembler une société de surveillance poussée à l’extrême, en utilisant des outils qui trouvent leur origine dans le monde réel d’aujourd’hui, et en répondant au besoin croissant de sécurité des populations. Anthony McCarten a imaginé un jeu appelé « Objectif zéro », organisé par une grande entreprise de la haute technologie en collaboration avec la CIA. Dix personnes, provenant des quatre coins des États-Unis et ayant des profils très différents, sont sélectionnées par un tirage au sort. Ils ont tous le même objectif : remporter 3 millions de dollars. Pour cela, ils doivent disparaître pendant 30 jours.
L’entreprise Fusion, qui a mis en place ce projet expérimental à grande échelle, vise à vendre de nouveaux outils de surveillance, en partenariat avec la CIA. Fusion est l’une des entreprises les plus innovantes et puissantes du monde. Son PDG est une sorte d’Elon Musk, avec un ego surdimensionné et peu soucieux de la préservation des libertés civiles. Cependant, un grain de sable va se glisser dans les rouages : l’un des candidats s’avère plus coriace que les autres. Il s’agit d’une bibliothécaire de Boston, éloignée des réseaux sociaux et des nouvelles technologies.
Une bibliothécaire met en échec les machines de surveillance
Les drones, les algorithmes prédictifs, les capteurs de reconnaissance faciale et de mouvements, ainsi que les logiciels espions censés capter nos conversations sont tous en échec face à cette bibliothécaire. L’auteur néo-zélandais a intelligemment opposé cette jeune femme simple et socialement décalée à l’entreprise high-tech associée à la CIA.
Pour le lecteur, ce duel est des plus savoureux, d’autant plus qu’il est facile de s’identifier à cette bibliothécaire qui se révèle être bien plus complexe qu’elle n’y paraît. Il devient rapidement évident que son objectif n’est pas seulement de remporter les 3 millions de dollars promis.
Anthony McCarten, surtout connu pour ses scénarios de cinéma (il a notamment écrit « Bohemian Rhapsody »), nous offre un roman d’aventures captivant qui amène le lecteur à réfléchir sur une société de surveillance extrême où les citoyens ne perçoivent pas réellement les enjeux et les dangers de ces outils de surveillance. Le thème de base du roman est clair : « Protégez-moi, même si cela implique de sacrifier quelques libertés. »
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