Nouvel An : Les Résolutions, Mythe ou Réalité ?


Les résolutions du Nouvel An sont fréquemment ardues à maintenir sur la durée, mais la façon dont elles sont exprimées ainsi que les raisons profondes qui les sous-tendent peuvent jouer un rôle crucial dans leur succès, d’après une des rares recherches menées sur ce sujet.

2024 : Vers une Réinvention des Bonnes Résolutions

Perte de poids, engagement sportif, cessation du tabac… alors que l’année 2024 pointe à l’horizon, les bonnes résolutions reviennent en force, semblant étrangement similaires à celles des années précédentes. Elles demeurent néanmoins une tradition bien enracinée. Selon le baromètre Sport-Santé d’Ipsos pour la Fédération française d’éducation physique et de gymnastique volontaire, qui dépeint les intentions des Français pour 2024, 34% ambitionnent de s’adonner régulièrement à une activité physique ou sportive, 23% envisagent de consacrer plus de temps à leur famille, et un autre 23% projettent de s’accorder de véritables moments de relaxation.

Les résultats de cette enquête, cités dans un article récent de La Dépêche du Midi, révèlent que près de 59% des Français ont réussi à tenir au moins l’une des résolutions prises en début d’année 2023. Toutefois, l’efficacité de ces engagements de début d’année reste un sujet de débat. Une étude menée par Richard Wiseman, un psychologue britannique, a montré que seulement 12% des personnes ayant pris une résolution en 2007 l’avaient tenue un an plus tard. Alors, cela vaut-il vraiment la peine de se promettre de changer chaque début d’année ? Franceinfo s’est penché sur la question pour démêler le vrai du faux.

« En Suède, l’image des résolutions du Nouvel An est souvent dépréciée. Il y a toujours quelqu’un qui plaisante, affirmant : ‘Ma seule résolution est de ne pas en avoir!’, raconte Per Carlbring, un chercheur à l’université de Stockholm. Selon lui, cette perception négative est « injustifiée » et il affirme que les résolutions peuvent favoriser des changements significatifs et positifs dans la vie des individus.

Les formulations positives pour des résolutions plus efficaces

Des chercheurs suédois ont conclu que la formulation des résolutions déterminait en grande partie leur succès. Les résolutions axées sur l’introduction de nouvelles habitudes ont montré un taux de succès de 58,9 %, nettement supérieur aux 47,1 % des résolutions basées sur l’évitement, comme renoncer aux bonbons. Per Carlbring recommande donc de donner une tournure positive à ses résolutions : « Plutôt que de supprimer la sucrerie de 15 heures, planifiez de manger une pomme à 14 heures pour prévenir la chute de glycémie. » Une approche positive pourrait, selon cette étude, rendre les résolutions du Nouvel An plus durables, même après un an.

Per Carlbring souligne que l’on ne peut pas simplement éradiquer un comportement, mais il est possible de le remplacer. Dans l’étude suédoise, les participants ont été divisés en trois groupes, chacun bénéficiant d’un soutien de niveau différent. Étonnamment, le groupe qui a reçu une assistance modérée a mieux réussi que celui bénéficiant d’un accompagnement intensif. Un excès de suivi pourrait en effet rappeler aux gens les difficultés, les incitants à se sentir bloqués par leurs objectifs trop stricts.

Les Résolutions : Des Effets en Perte de Vitesse

Indépendamment du groupe, il a été observé que l’adhérence aux résolutions diminue avec le temps. « Les gens commencent souvent pleins d’enthousiasme, mais peuvent fixer des objectifs trop ambitieux. », note Per Carlbring. « Il est essentiel de bien gérer les rechutes et de diviser les objectifs conséquents en sous-objectifs plus accessibles. » Par exemple, préparer un marathon pour l’été 2024 pourrait paraître irréaliste, mais viser 2025 le rend beaucoup plus tangible.

La nature même des motivations pourrait expliquer en partie pourquoi tant de personnes échouent à garder leurs résolutions. Richard Ryan, professeur de psychologie, suggère que des objectifs souvent dictés par la pression externe, comme la perte de poids, manquent d’authenticité et de valeur intrinsèque. Lorsque les objectifs sont perçus comme des valeurs personnelles et non comme des obligations, la motivation s’estompe moins vite.

L’Université de Stockholm planifie une nouvelle recherche pour évaluer les bonnes résolutions. Les participants seront répartis en trois groupes : sans soutien, avec un soutien social, et avec l’application de la méthode « SMART », qui encourage à formuler des objectifs spécifiques, mesurables, attrayants, réalistes et limités dans le temps. « Économiser de l’argent n’est pas précis, mais mettre en place un virement automatique mensuel de 50 euros l’est. », explique Carlbring.

Résolutions Altruistes : Une Nouvelle Piste

La première étude suédoise a montré que la majorité des résolutions sont centrées sur soi-même : 33% concernent la santé physique, 20% la perte de poids et ainsi de suite. Richard Ryan, enseignant à l’Université de Rochester, propose que des résolutions tournées vers l’altruisme puissent apporter une satisfaction plus profonde, un concept validé par ses recherches. Utiliser le Nouvel An pour aider les autres favorise des besoins psychologiques fondamentaux tels que l’autonomie, la compétence, et l’appartenance sociale. Ces éléments sont cruciaux, affirme-t-il, non seulement pour le bien-être personnel, mais aussi pour un engagement durable.