JO 2024 : Amour et Muffins au Village Olympique – Une Téléréalité en Direct


Depuis que la compétition a commencé, les sportifs ne cessent de dévoiler des aspects de leur vie de tous les jours, y compris des anecdotes très personnelles. Cette démarche leur permet de démystifier leur image tout en se rendant plus accessibles et plus familiers au grand public.

Henrik Christiansen : Le « Muffin Man » des Jeux Olympiques crève l’écran

Le nageur norvégien Henrik Christiansen a fait davantage parler de lui pour son amour des muffins au chocolat que pour ses performances dans les bassins. Désormais baptisé « Muffin Man » par ses fans et même sur Wikipédia, Christiansen ne cesse de vanter les mérites de cette sucrerie disponible à la cantine du village olympique. Cette passion a même créé une tendance sur TikTok, reprise en chœur par de nombreux athlètes.

Les animateurs du village olympique de Saint-Denis ne manquent pas d’imagination pour divertir les athlètes. En plus des muffins, les objets du village, tels que les lits, ont également suscité des défis amusants. Le Sud-Africain Vincent Leygonie s’est notamment filmé en train de rouler sur un lit avec un BMX.

Des scènes d’intimité partagées

La vie quotidienne des athlètes au village olympique de Paris 2024 est largement documentée sur les réseaux sociaux, notamment TikTok et Instagram. La joueuse de tennis australienne Daria Saville a captivé l’attention avec ses vidéos la montrant chez le coiffeur, à la laverie ou en quête de papier toilette. De nombreux autres athlètes filment aussi leur passage à la boulangerie et à la cantine, qui ne manque pas de susciter des commentaires gastronomiques, souvent critiques. L’escrimeur italien Alessio Foconi a notamment exprimé son mécontentement face aux portions qu’il juge insuffisantes.

Depuis le début des Jeux, les athlètes adoptent un ton festif et humoristique dans leurs publications, ce qui contraste avec leur image de compétiteurs sérieux. La sociologue Nathalie Nadaud-Albertini remarque que cette manière de communiquer contribue à humaniser les sportifs. Un internaute a même comparé les JO à un « grand camp de vacances pour des jeunes adultes. »

Ces moments de camaraderie ont été capturés dans des vidéos où des athlètes de différents pays chantent ou jouent ensemble. Une vidéo mémorable montre un volontaire jouant du piano, accompagné d’athlètes jamaïcaine et australienne, évoquant des scènes de télé-réalité.

Pour Valérie Rey-Robert, essayiste féministe, les athlètes partagent des éléments de leur intimité similaires à ceux des émissions de télé-réalité, mais il y a des différences notables. Contrairement aux shows télévisés, les athlètes contrôlent ce qu’ils choisissent de montrer et ne se filment pas en continu, évitant ainsi de capturer des disputes ou des moments de tension.

Certains sportifs jouent d’ailleurs avec cette ressemblance. La joueuse de rugby à 7 américaine Ilona Maher a comparé le village olympique à l’émission « Love Island », une téléréalité basée sur les relations amoureuses.

Une communication maîtrisée

Les contenus partagés par les athlètes séduisent les internautes, avec de nombreuses vidéos atteignant des millions de vues. Pour la sociologue Nathalie Nadaud-Albertini, ces vidéos captivent non seulement les fans de sport mais aussi ceux qui ne s’intéressaient initialement pas aux Jeux. Elle estime que ces partages peuvent encourager de nouvelles audiences à regarder les compétitions sportives.

Les publications des athlètes sur les réseaux sociaux sont non seulement un moyen de se faire connaître du public mais aussi des sponsors. Valérie Rey-Robert souligne que cela peut être une stratégie efficace pour attirer l’attention et gagner en popularité.

À travers ces vidéos, les athlètes montrent une facette plus personnelle et moins formelle de leur quotidien. Ces moments de vie partagés renforcent leur popularité et leur proximité avec le public, tout en apportant une dimension plus humaine aux Jeux Olympiques.

« Ces vidéos peuvent plaire à ceux qui ne sont, à la base, pas intéressés par les Jeux olympiques. C’est une porte d’entrée qui peut ensuite leur donner envie de regarder les épreuves sportives. »

Nathalie Nadaud-Albertini, sociologue des médias