Découvrez : L’IA Ressuscite Molière sur Scène !


Un groupe théâtral de l’Université de la Sorbonne, situé à Paris, s’est associé à un collectif d’artistes pour mettre sur pied une comédie dans la tradition de Molière, en utilisant l’intelligence artificielle. La première de cette pièce est prévue pour mai 2026 au château de Versailles.

Quand Molière Rencontre l’Intelligence Artificielle : Une Révolution Théâtrale

Peut-on imaginer l’œuvre que Molière aurait pu créer s’il était encore parmi nous aujourd’hui ? C’est la question audacieuse que s’est posée Sorbonne Université en 2023. Le projet ambitieux : co-créer, avec l’aide de l’intelligence artificielle, une pièce de théâtre qui aurait pu sortir de l’imagination du célèbre dramaturge. C’est ainsi qu’est née L’Astrologue ou les faux présages, dont un extrait a été présenté à Paris le mardi 7 octobre.

D’apparence contraires, deux mondes se sont rapprochés. Le Théâtre Molière Sorbonne, connu pour faire revivre les classiques du XVIIe siècle avec une authenticité sans faille, et le collectif d’artistes Obvious, spécialisé dans l’IA, ont uni leurs forces. Ensemble, ils explorent l’interaction entre la tradition théâtrale et les technologies avancées. Pierre Fautrel, cofondateur d’Obvious, explique : « Avec Georges Forestier, créateur du Théâtre Molière Sorbonne, qui a détaillé le processus créatif de Molière, nous avons dépouillé ce processus en déterminant les points où l’IA et l’expertise humaine se croisent. »

Le projet, baptisé « Molière Ex Machina », vise à recréer l’univers de l’écrivain avec fidélité. Que ce soit dans la rédaction des dialogues, le choix du décor, la musique ou les costumes, l’idée est de nourrir l’IA de manière judicieuse. Pour l’écriture, les chercheurs ont utilisé Le Chat, un chatbot développé par Mistral AI, qu’ils ont alimenté avec une base de données comprenant des documents d’époque et les œuvres originales de Molière.

Des Échanges Intenses entre IA et Experts

Pour les autres aspects du projet, le recours à divers modèles d’IA était nécessaire, y compris certains peu connus. « Prenons le cas des costumes », poursuit Pierre Fautrel. « Nous devons collaborer avec les experts pour identifier les ressources appropriées à transmettre à la costumière. En s’inspirant des créations d’Henri de Gissey, nous avons rassemblé une cinquantaine de ses esquisses pour les fournir à l’algorythme. »

Cependant, le travail ne s’arrête pas là. Les textes et jugements de l’IA sont revus par des experts du XVIIe siècle et régulièrement réinjectés dans le système pour affiner la production artistique, y compris l’esprit comique si cher à Molière. Mickaël Bouffard, historien de l’art et metteur en scène, remarque : « Les pastiches peuvent basculer dans le kitsch. C’est pourquoi l’IA, dénuée de jugement personnel, s’appuie uniquement sur les données fournies. »

« Parfois, les propositions de l’IA surpassaient nos idées, révélant des éclairs de génie après de multiples tentatives. »

Mickaël Bouffard, historien de l’art et metteur en scène

Pourtant, Pierre Fautrel souligne l’importance de maintenir un discernement aiguisé. « L’IA est un formidable outil qui ouvre de nouvelles perspectives. Elle ne se contente pas de remplacer des êtres humains, mais invite à poser les bonnes questions et à s’entourer des bons talents. » Il conclut que L’Astrologue ou les faux présages s’inscrit comme une réflexion sur la crédulité humaine tout en interrogeant notre rapport actuel à l’intelligence artificielle.