Tabac : Un ancien fumeur « accro » aux substituts nicotiniques révèle son angoisse insupportable sans chewing-gum ni pastilles


Dès ce mercredi, le « Mois sans tabac » est lancé, et il semble que la consommation de substituts nicotiniques oraux ait considérablement augmenté depuis 2019, notamment grâce à leur remboursement sur prescription, constatent plusieurs pharmaciens et tabacologues. Cette hausse de la consommation de ces substituts est un point clé à prendre en compte lors de cette campagne visant à arrêter de fumer.

Les substituts nicotiniques : une nouvelle dépendance pour les ex-fumeurs

Thierry, un retraité de 60 ans, a arrêté de fumer il y a sept ans après avoir fumé pendant 40 ans. Cependant, il est maintenant dépendant de chewing-gums et de pastilles de substituts nicotiniques. Il en consomme une vingtaine par jour, passant d’une pastille à un chewing-gum et vice versa. Pour Thierry, c’est une habitude qui remplace celle de l’époque où il avait toujours un paquet de cigarettes sur lui. Il avoue même angoisser à l’idée de ne pas avoir de chewing-gums ou de pastilles.

En France, il est impossible de savoir combien d’ex-fumeurs comme Thierry sont dans la même situation, car ils ne sont pas répertoriés. Cependant, le pharmacien Théodore Henrique confirme vendre davantage de substituts nicotiniques depuis leur remboursement sur ordonnance en 2019. Certains achètent ces produits sans ordonnance, car ils en ont besoin sur le long terme pour les aider à se sevrer de la nicotine.

« D’autres viennent assez régulièrement pour acheter des grosses quantités. Il y a même des gens qui se sentent un peu coupables d’en acheter. »

Un pharmacien

La nicotine, addictive mais non-toxique

D’après Ivan Berlin, médecin tabacologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris, entre 30 et 40 % de ses patients qui ont arrêté de fumer avec l’aide de substituts nicotiniques continuent à en consommer pendant des années. Ces substituts délivrent rapidement une dose de nicotine, ce qui les rend aussi addictifs que la cigarette.

Cependant, contrairement à la cigarette, la nicotine n’est pas toxique, selon le professeur Daniel Thomas, porte-parole de la société francophone de tabacologie. Il affirme que ce n’est pas la nicotine qui est responsable des maladies liées au tabac, comme le cancer ou les maladies cardiovasculaires. Il est donc sans danger de rester dépendant de la nicotine tant que l’on ne consomme pas de tabac.

Ivan Berlin souligne tout de même l’importance d’investir dans la recherche pour trouver de nouvelles méthodes pour se sevrer de la nicotine. En ce 1er novembre, 126 370 Français sont déjà inscrits au « Mois sans tabac », une initiative soutenue par Santé publique France et le ministère de la Santé depuis 2016.