Immobilier côtier : Plaisir ou Risque ?


Malgré des problèmes comme l’érosion, le danger d’inondations et la hausse du niveau de la mer, la côte française demeure un lieu prisé pour les acheteurs et les retraités. Bien que certaines habitations soient endommagées, que certains quartiers soient sujets aux inondations et que les ventes atteignent des sommets, cette situation paradoxale soulève des questions sur le futur du marché immobilier en bord de mer.

Érosion et Submersions : L’Inexorable Attraction des Littoraux

Des habitations ont été dévastées dans le Finistère en juin dernier, victimes de la progression inexorable de la mer. En Gironde, à Soulac, l’immeuble baptisé Le Signal a été démoli il y a deux ans. Symbole poignant de l’érosion côtière, cet édifice ne cesse de hanter les esprits. En 2010, la tempête Xynthia a laissé une empreinte indélébile en Vendée, où la submersion marine a bouleversé les consciences. Pourtant, les plages continuent de séduire, notamment à la Tranche-sur-Mer, avec ses 14 kilomètres de sable doré.

Marc Lacaise, qui vient de prendre sa retraite, a récemment fait l’acquisition d’une maison dans cette région. « Voir la mer au quotidien est un bonheur incommensurable », confesse-t-il. En 2022, Marc a acheté une petite maison dans un secteur inondable. Bien que son agent immobilier l’ait averti des risques inhérents, Marc s’est d’abord rassuré auprès des résidents : « Les anciens assurent que même lors de Xynthia, aucune inondation n’a touché ce quartier », raconte-t-il.

Un Marché Immobilière Inébranlable

Malgré les dangers, la demande pour les propriétés côtières reste élevée, principalement chez les retraités. « J’ai vendu une maison qui a subi plus d’un mètre d’eau lors de la tempête », indique Olivier Bélembert, directeur d’une agence immobilière à la Tranche-sur-Mer.

L’ONG Conséquence souligne que 33 000 habitations à risque ont été vendues entre 2020 et 2024 en France. Étonnamment, les prix continuent de grimper. À Soulac, bien que l’érosion soit notoire, les transactions immobilières ne faiblissent pas. « Je reçois de nombreuses demandes, le budget n’est pas le souci, mais l’offre est limitée », souligne Marie-Pierre Olivier d’une agence locale.

Cependant, la communauté scientifique tire la sonnette d’alarme. « Dans un demi-siècle, l’élévation du niveau des eaux rendra obsolètes nos protections côtières. Cette réalité semble ignorée par certains décideurs », avertit Éric Chaumillon, professeur en géologie marine.

Malgré ces avertissements, plus de 3 000 permis de construire ont été délivrés aux cours des cinq dernières années dans des zones exposées aux risques de submersion ou d’érosion. Une réalité qui interroge sur la prise de conscience collective face aux défis environnementaux croissants.