« Encadrement des loyers : Un pansement sur une plaie »


Dans plusieurs métropoles françaises, les mesures visant à réguler les loyers ont déjà été instaurées. Cependant, d’après Corinne Jolly interrogée par franceinfo, leur impact a été relativement modéré.

L’Encadrement des Loyers : Entre Intention et Réalité

Dans de nombreuses métropoles françaises, l’encadrement des loyers, censé stabiliser le marché locatif, affiche des résultats contrastés. Corinne Jolly met en évidence les limitations de cette mesure en soulignant que, bien que l’intention soit de protéger les locataires, les propriétaires trouvent souvent des moyens légaux de contourner les restrictions mises en place. Ainsi, à Paris, près de 60% des offres de location se conforment aux plafonds établis, tandis que 40% les dépassent, exprimant une certaine inefficacité de la réglementation.

Dans la cité balnéaire de Biarritz, les loyers ont connu une flambée de près de 4 euros par mètre carré entre 2020 et 2022, selon les chiffres du ministère du Logement. Corinne Jolly attribue cette augmentation en grande partie au tourisme, expliquant que le dispositif pénalise principalement les résidents qui cherchent à se loger de façon durable, tandis que les locations touristiques échappent à ces mesures de contrôle.

Un Logement En Requête Constante et Insatisfaite

Les véritables enjeux du marché immobilier, selon Jolly, ne résident pas seulement dans l’encadrement des loyers, mais dans un déficit criant entre l’offre et la demande de logements. Ce déséquilibre est en partie conséquent aux changements démographiques, tels que l’allongement de la vie et l’augmentation des divorces, qui exacerbent le besoin de logements. Cependant, la construction ne suit pas le rythme de ces mutations sociales, laissant de nombreux ménages en quête de solutions.

Dans les zones comme le Pays basque, Corinne Jolly soulève le problème de l’accessibilité à la propriété. Les prix d’acquisition y ont grimpé de 35% de 2019 à 2023, s’éloignant des capacités financières des habitants. Face à cet écart, l’encadrement des loyers, expérimenté également à Lille, Lyon, Villeurbanne, Montpellier, Bordeaux, et dans certaines intercommunalités de Seine-Saint-Denis, poursuit sa route jusqu’en 2026. À cette échéance, l’État devra statuer sur son maintien ou non, tandis que les défis fondamentaux du marché restent à adresser.

L’encadrement des loyers soulève ainsi des questions cruciales sur sa capacité à réellement transformer le paysage immobilier et sur la nécessité d’une approche multifacette pour répondre aux besoins divers du secteur. Les autorités devront inévitablement conjuguer régulation et initiatives de construction pour espérer une amélioration tangible et durable du marché locatif français.