Ces derniers mois, la crise du logement s’est aggravée en raison de l’inflation et de la baisse des ressources des communes. Cependant, la France a longtemps accusé un retard en matière de logement social. C’est pourquoi franceinfo a décidé de mener une enquête approfondie pour comprendre les causes de cette situation préoccupante.
La loi SRU n’est respectée que par 4 communes sur 10
Depuis vingt ans, la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU), qui impose aux grandes villes françaises d’avoir 20 ou 25% de logements sociaux, connaît un succès mitigé. En effet, seules 4 communes sur 10 remplissent leurs obligations légales.
Thierry Repentin, maire PS de Chambéry et président de la commission nationale SRU, ne cache pas sa déception. Il constate une baisse significative dans la construction de logements sociaux, passant de 115 000 en 2018 à environ 85 000 cette année, avec des prévisions encore plus basses pour l’année prochaine, autour de 60 000. Il s’agit là d’une division par deux en seulement quatre ans.
Sur 2 157 villes soumises à cette loi, 1 163 ne respectent pas le seuil de logement social imposé. La loi SRU ne concerne que les communes de plus de 3 500 habitants (ou 1 500 habitants pour la région parisienne), appartenant à une agglomération de plus de 50 000 habitants, comportant une commune d’au moins 15 000 habitants.
Thierry Repentin précise cependant que malgré ces chiffres alarmants, plus de la moitié des logements sociaux construits actuellement le sont dans des communes en rattrapage. La loi fonctionne, puisque depuis son entrée en vigueur, la proportion de villes avec un taux SRU de moins de 15% de logements sociaux a diminué, passant de 43% en 2004 à 30% aujourd’hui.
Il met en avant l’exemple de la commune de Saint-Denis-les-Bourg, dans l’Ain, qui est passée en 20 ans de 3 à 17% de logements sociaux, grâce à une politique volontariste sur le sujet. Cependant, d’autres communes, comme Générac, dans le Gard, peinent à atteindre leurs obligations légales en matière de logement social.
Frédéric Touzellier, maire LR de Générac, déplore les contraintes imposées par la loi SRU, notamment le mode de calcul et le manque de foncier. Il estime que le village ne dispose pas de suffisamment de terrain pour construire les logements nécessaires, et critique le manque de prise en compte de la réalité des différentes communes concernées.
La situation est similaire dans d’autres communes, où le manque de foncier et la cherté des terres compliquent grandement la construction de logements sociaux. De nombreux maires soulignent également le contexte national défavorable à la construction de nouveaux logements sociaux, en raison de baisses de financements et d’autres contraintes financières.
Face à ces difficultés, les maires appellent à élargir la loi SRU pour la rendre plus juste et équilibrée entre les différentes communes. Ils demandent également des financements supplémentaires pour faciliter la construction de logements sociaux. Il reste à voir si ces revendications seront entendues et si des mesures concrètes seront mises en place pour surmonter les obstacles actuels dans le domaine du logement social.
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